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Atelier Atypique
1 octobre 2016

Danse au ciné : documentaire "Relève"

 Relève :  bande-annonce)

Cinéma Le Mazarin (Aix)  16:10

Filmé dans l'euphorie de l'arrivée de Benjamin Millepied à la tête du ballet de l'Opéra de Paris, le documentaire "Relève: histoire d'une création" prend tout son sel aujourd'hui, alors que le jeune directeur à démissionné avec fracas en février 2016.

Le film de 2h (, plus long que la version diffusée sur Canal+ en décembre) suit pas à pas le chorégraphe dans les répétitions de sa création "Clear, Loud, Bright, Forward", qui ouvrait sa première saison en 2015 à l'Opéra de Paris.

Pédagogue, Réformateur , il fait changer les planchers de l'Opéra, trop durs pour les articulations des danseurs . Mais paradoxalement, le film lui a beaucoup nui, en diffusant ses piques bien senties au ballet de l'Opéra de Paris ( loin des habituels hommages au "plus beau ballet du monde"...)

L'Opéra, avec ses deux grandes maisons, Garnier et Bastille, lui semble "une usine à ballets". Le ballet n'est pas aussi "excellent" qu'on le dit, et ‘ peut être ennuyeux à mourir", assène-t-il.

Fils d’une professeure de danse ,formé aux Etats-Unis (New York City Ballet), Millepied est profondément étranger (et semble-t-il allergique)- à la rigidité de l'enseignement à l'Ecole de danse de l'Opéra, ses rapports hiérarchiques étouffants, sa mystique du concours. "Tous ces concours, toute cette hiérarchie ... ça crée de la peur", estime-t-il.Ils ont tellement été habitués à faire des positions, à être en ligne et à se faire engueuler, parce que ce n'est que ça, que ça devient du papier peint et donc il n'y a aucun plaisir!" tranche le jeune directeur de la danse. Il appelle ses danseurs à "se détendre" dans le ballet classique comme il le font en danse contemporaine.  Car paradoxalement, " c'est peut-être la meilleure troupe de danse contemporaine du monde", observe-t-il.

Ces déclarations à l'emporte-pièce ont beaucoup choqué en interne, d'autant qu'une bonne partie des danseurs rongeait son frein, avec seulement deux grands ballets classiques par saison et beaucoup de danse américaine qui n'emploie qu'une petite fraction du corps de ballet.

La "révolution Millepied" aura tourné court: un peu plus d'un an après sa nomination en novembre 2014, il jette l'éponge en février 2016, officiellement "uniquement pour des raisons personnelles".

Le film montre l'enthousiasme des 16 jeunes talents sélectionnés pour la création parmi les 154 danseurs du corps de ballet (la "relève" qui donne son titre au documentaire).Pour eux, avoir été choisis comme solistes alors qu'on leur demandait jusque-là de se fondre dans le corps de ballet relève du miracle.Le documentaire s'attarde particulièrement sur la figure gracieuse de Letizia Galloni, qui confie qu'elle n'a aucune chance de danser Giselle, avec sa peau métissée."Racisme", lance Benjamin Millepied, qui prône la diversité, sur le modèle des compagnies américaines, plus ouvertes à tous les physiques et couleurs de peau.

"Benjamin arrive à un moment charnière où toute une génération d'étoiles va partir, il va devoir nommer" les futures étoiles, confiait le danseur étoile Benjamin Pech, plein d'enthousiasme, dans le film.

Il n'en aura pas eu le temps, rattrapé par les pesanteurs du "paquebot", comme l'appelle Stéphane Lissner, lucide.

Les séquences hilarantes sur les multiples réunions consacrées aux simples bancs de bois prévus pour le décor du nouveau ballet donnent une petite idée des rigidités qu'il a rencontrées.

La révolution n'a pas eu lieu.

Reste un témoignage rare sur la vie quotidienne de la compagnie, vue de l'intérieur. Les réalisateurs ont eu accès à toutes les arcanes de l'Opéra Garnier et ont tourné, littéralement, des sous-sols jusqu'au toit.

Benjamin Millepied : rappelez vous cette pub pour Air France dans un extrait du célèbre duo du "Parc" d'Angelin Preljocaj dansé avec Virginie Caussin

 

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